AugustinRouart, disparu en 1997, avait bĂ©nĂ©ficiĂ© avant sa mort dâune petite exposition en mairie pour ses 80 ans, Ă lâinitiative de son fils. Le pĂšre, coupĂ© du milieu, neJusquâau 5 octobre, lâancien ĂvĂȘchĂ© d'UzĂšs prĂ©sente Morceaux choisis de lâhistoire de lâart XIXe et XXe siĂšcle. 32 Ćuvres peinture et sculptures de 16 artistes issus de collections privĂ©es. Le Sud est le trait dâunion entre les artistes prĂ©sentĂ©s Ă UzĂšs. Tous y sont venus ou en sont issus. Le Sud et sa lumiĂšre. Le Sud et son "soleil qui Ă©crase les sujets et accentue la couleur" souligne Marc Stammegna, commissaire de lâexposition. Expert international de lâĆuvre de Monticelli, Ă lâorigine de la Fondation Monticelli Ă Marseille, grand collectionneur, Marc Stammegna est venu sâinstaller il y a peu Ă Saint-Quentin-la-Poterie. De sa rencontre avec le maire dâUzĂšs est nĂ©e une belle complicitĂ© et lâidĂ©e de crĂ©er cette exposition temporaire exceptionnelle, grĂące Ă des prĂȘts gratuits, issus du rĂ©seau de collectionneurs privĂ©s de Marc Stammegna. Marc Stammegna, Emmanuel Renoir et Jean-Luc Chapon, autour du tableau de Renoir reprĂ©sentant son fils, le futur cinĂ©aste Jean Renoir. LâarriĂšre-petit-fils de Renoir prĂ©sent Ă UzĂšs Trente-deux Ćuvres de seize artistes de renom lire ci-contre dont certaines piĂšces ont rarement Ă©tĂ© exposĂ©es comme celle de Picasso, deux fois en 40 ans ou mĂȘme jamais. Câest le cas dâune peinture dâAuguste Renoir reprĂ©sentant son fils, Jean, enfant, qui deviendra cinĂ©aste. Jean Ă©tait le grand-oncle dâEmmanuel Renoir, arriĂšre-petit-fils du peintre. Emmanuel Renoir Ă©tait prĂ©sent lors du vernissage Ă UzĂšs, se disant "Ă©mu " de dĂ©couvrir le tableau familial. "Renoir adorait le cĂŽtĂ© familial, il a rĂ©alisĂ© une centaine de tableaux de ses proches ou de lâentourage familial, de sa maison⊠Il aimait transmettre ce quâil avait autour de lui sans but commercial." Le commissaire de lâexposition affirme nâavoir eu aucun mal Ă convaincre les collectionneurs Ă prĂȘter une ou plusieurs piĂšces pour une premiĂšre exposition de cette envergure Ă UzĂšs. "Tous ont Ă©tĂ© convaincus dâavoir Ă UzĂšs un Ă©crin exceptionnel ", note Marc Stammegna qui a trouvĂ© une adhĂ©sion immĂ©diate Ă ce projet de lâensemble de la municipalitĂ©, "depuis lâadjoint de la culture, la conservatrice du musĂ©e, jusquâaux services techniques" qui ont dĂ» amĂ©nager en un temps trĂšs court des piĂšces de lâancien ĂvĂȘchĂ©, sous le musĂ©e Georges-Borias. "Le directeur rĂ©gional de la Drac a Ă©tĂ© aussi trĂšs Ă lâĂ©coute et a compris notre dĂ©marche." Un Ă©norme effort a Ă©tĂ© fait sur la sĂ©curitĂ©, tant au niveau matĂ©riel quâen moyens humains avec des Ă©quipes de sĂ©curitĂ© permanentes. Pour Jean-Luc Chapon, cette exposition est une grande fiertĂ© et la concrĂ©tisation dâun vieux rĂȘve. La ville, labellisĂ©e dâart et dâhistoire qui compte dĂ©jĂ deux festivals renommĂ©s avec les Nuits musicales et UzĂšs danse, ajoute une nouvelle dimension Ă son offre culturelle. "Avec notre musĂ©e, notre nouveau centre culturel, il nous manquait une grande exposition et surtout un chef dâorchestre. On lâa trouvĂ© avec Marc Stammegna", conclut le maire. Preuve de lâengouement pour UzĂšs, Marc Stammegna affirme pouvoir dĂ©jĂ prĂ©senter les expositions des trois prochaines annĂ©es. Ouvert tous les jours sauf le lundi Exposition au premier Ă©tage de lâancien ĂvĂȘchĂ©, 1 place de lâĂvĂȘchĂ©, tous les jours sauf le lundi de 10 h Ă 19 h jusquâau 5 octobre. Tarif 7 âŹ. Tarif rĂ©duit 5 âŹ. Visite commentĂ©e 10 âŹ. Tarif rĂ©duit 8 âŹ. Billets en vente sur place Ă lâOffice de tourisme, 16 place Albert 1er, ou Ă lâoffice municipal de la culture, 1 Place du DuchĂ©. Ăgalement en ligne sur et sur Cinq visites commentĂ©es par le commissaire de lâexposition et la conservatrice du musĂ©e Borias auront lieu Ă 18 h jeudi 19 mai, mardi 28 juin, jeudi 21 juillet, jeudi 18 aoĂ»t et jeudi 8 septembre.
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MĂȘmesi le film sâappelle Renoir, câest une fille, Christa ThĂ©ret, qui se trouve au centre des enjeux. Rencontre avec une comĂ©dienne quâon nâa pas fini de voir sur les
PubliĂ© le vendredi 5 octobre 2018 Ă 14h57 Auguste Renoir dans son atelier Ă Cagnes-sur-Mer aux environs de 1907. 1958. Avant dernier entretien avec Jean Renoir, fils du peintre Auguste Renoir, dont il raconte sa façon de penser et de voir le monde, "un peu camĂ©lĂ©on" qui cherche le contact, ouvrant ses portes Ă ses amis artistes ou non, et refusant jusqu'au bout de se prendre pour un gĂ©nie. Dans ce neuviĂšme volet de la sĂ©rie d'entretiens enregistrĂ©s en 1958 avec le cinĂ©aste Jean Renoir, celui-ci revient sur la lĂ©gende du pinceau attachĂ© Ă la main de son pĂšre Auguste Renoir, alors paralysĂ© par une polyarthrite "En rĂ©alitĂ©, il tenait son pinceau, le pinceau n'Ă©tait pas attachĂ©." A la fin de la guerre, Jean Renoir, en convalescence, lui a beaucoup tenu compagnie et a pu ainsi l'Ă©couter raconter des bribes de sa vie. Heureusement, moi non plus je ne pouvais pas marcher Ă cause de mes blessures et nous passions nos journĂ©es au coin du feu et nous parlions, nous nous racontions des histoires, c'Ă©tait la seule distraction de Renoir. Et il avait bien besoin de distractions car ses souffrances Ă©taient grandes. Jean Renoir fait appel Ă ses souvenirs le sculpteur Maillol s'est installĂ© un temps auprĂšs de Renoir, "il avait commencĂ© un buste de Renoir qui Ă©tait un chef-dâĆuvre" ; mais aussi Matisse, "un homme extrĂȘmement calme et agrĂ©able". Ce monde de Renoir Ă©tait vraiment "un monde Renoir". Je m'en rends compte maintenant, plus que quand j'Ă©tais petit. Il y avait d'abord cette espĂšce de gaietĂ© qui naissait de la frĂ©quentation de mon pĂšre. Il y avait aussi ce fait qu'aucune opinion autour de lui ne semblait ĂȘtre dĂ©finitive. Il admettait toutes les idĂ©es, il admettait toutes les situations. Jean Renoir dans "MĂ©morables", une sĂ©rie d'entretiens rĂ©alisĂ©e en 1958 et rediffusĂ©e en 2001. 9/10 25 min France Culture Sur les frĂ©quentations de son pĂšre, Jean Renoir peut affirmer "Le tout Paris non conformiste a Ă©tĂ© son ami !" L'ambition de mon pĂšre lorsqu'il rencontrait quelqu'un Ă©tait de le connaĂźtre, en rĂ©alitĂ© il Ă©tait constamment en train de faire le portrait de son interlocuteur, peut-ĂȘtre pas avec un pinceau mais en esprit. Et la seule façon de faire un portrait, est de connaĂźtre non seulement l'aspect extĂ©rieur mais tous les secrets intĂ©rieurs du modĂšle. A cause de cela, mon pĂšre Ă©tait, tout du moins trĂšs superficiellement, un peu camĂ©lĂ©on dans son dĂ©sir d'Ă©tablir un pont immĂ©diat entre l'interlocuteur et lui. Et Jean Renoir de conclure cet entretien sur le gĂ©nie de son pĂšre, terme que le peintre refusait d'entendre Ă son propos Quelques fois, mon pĂšre m'a parlĂ© de cette espĂšce de rencontre de la matiĂšre et de l'esprit qui peut parfois ĂȘtre rĂ©alisĂ©e par des ĂȘtres exceptionnels dans l'histoire de l'Eglise, des Saints ont rĂ©alisĂ© cela, dans l'histoire de l'art, des gĂ©nies l'ont rĂ©alisĂ©e. Je pense que mon pĂšre y est arrivĂ© plusieurs fois. Lui, ne pensait pas qu'il y Ă©tait arrivĂ© mais il savait que des ĂȘtres y Ă©taient arrivĂ©s et il espĂ©rait s'en approcher un petit peu. "MĂ©morables" avec Jean Renoir 9/10 PremiĂšre diffusion le 17/05/2001 Producteur Jean Serge Indexation web Odile Dereuddre, de la Documentation de Radio France RĂ©sumĂ© "Jean Renoir, deuxiĂšme fils du grand peintre Pierre-Auguste Renoir, fut l'un des cinĂ©astes les plus influents du XXe siĂšcle et mĂȘme, selon Orson Welles, "le plus grand de tous les rĂ©alisateurs". Cette situation exceptionnelle est le point de dĂ©part de "Renoir pĂšre et fils / Peinture et cinĂ©ma". La prĂ©sente exposition, laPourla tradition judĂ©o-chrĂ©tienne, il reprĂ©sente l'ange dĂ©chu (IsaĂŻe 14 :12). Pour la tradition grĂ©co-romaine, Lucifer Ă©tait associĂ© Ă l'Ă©toile du matin, la planĂšte VĂ©nus, symbole de beautĂ© et d'intelligence. Lucy, la plus jeune fille d'Anthony, Ă©tait peintre, vouĂ©e aux beaux-arts, et son pĂšre Ă©tait fier d'elle. Mais il Ă©tait
Ilest toujours difficile d'ĂȘtre le fils de son pĂšre, surtout lorsqu'on se nomme Renoir et les plaisirs des guinguettes au bord de l'eau construisent l'univers d'un cinĂ©aste qui Ă©tait d'abord « le fils d'un peintre ». Le goĂ»t de la nature, l'amour des femmes qui habitent tous les films de Renoir relĂšvent de cet hĂ©ritage sur lequel il revient dans ses Ecrits (1926-1971) : « TrĂšs
Le gĂ©nial Deep End sort ces jours-ci dans une superbe Ă©dition Blu-ray chez Carlotta. Idem pour Essential Killing parmi les dix meilleurs films de lâannĂ©e 2011, chez Studiocanal. Câest occasion de se pencher Ă nouveau sur lâĆuvre de Jerzy Skolimowski photo en tĂȘte de texte, une des plus belles du cinĂ©ma moderne. Jerzy Skolimowski, nĂ© en 1938, fut une figure marquante du nouveau cinĂ©ma polonais des annĂ©es 60 aux cĂŽtĂ©s de Roman Polanski avant de devenir un cinĂ©aste insaisissable, Ă la carriĂšre dĂ©routante. Signes particuliers de Skolimowski Ă la fois poĂšte et boxeur, acteur et rĂ©alisateur, franc-tireur et farouchement individualiste, comme en tĂ©moignent ses premiers films et ceux qui suivront, tournĂ©s un peu partout dans le monde. Walkover est le deuxiĂšme long mĂ©trage de Skolimowski, aprĂšs Signe particulier nĂ©ant 1964. Il y interprĂšte le rĂŽle principal, celui dâun Ă©tudiant dĂ©sĆuvrĂ© qui a ratĂ© son diplĂŽme dâingĂ©nieur et qui erre dans des paysages industriels incertains, jamais Ă sa place dans une Pologne en voie de modernisation. Rencontres pittoresques, humour grinçant, jeunes femmes agaçantes, mais surtout inventivitĂ© permanente de la mise en scĂšne. Skolimowski, sans doute sous influence godardienne, comme beaucoup dâautres Ă lâĂ©poque, bouscule la syntaxe cinĂ©matographique, les bonnes maniĂšres et les habitudes. Le film dĂ©bute par une image gelĂ©e, puis le regard camĂ©ra dâune jeune femme en gros plan, quelques secondes avant quâelle ne se jette sous un train arrivant en gare. Câest de ce mĂȘme train que va descendre le hĂ©ros » de Walkover, trentenaire qui va accepter par dĂ©pit de participer Ă un tournoi de boxe amateur. Lui aussi regardera rĂ©guliĂšrement la camĂ©ra dans des plans fixes oĂč il semble jauger le spectateur, lui imposer des plans miroirs oĂč se reflĂšte une image inconfortable de la condition dâhomme, entre rĂ©bellion et dĂ©sillusion, parfaitement intemporelle malgrĂ© lâancrage historique du film dans la post Nouvelle Vague europĂ©enne. Skolimowski est un cinĂ©aste de lâĂ©nergie, mais dâune Ă©nergie vaine. Il sâagit plutĂŽt de dĂ©pense. Son personnage est sans cesse en mouvement, mais il fait du sur place, marche Ă reculons ou reviens en arriĂšre le plan, a la fois allĂ©gorique et dâune impressionnante vigueur physique, oĂč le cinĂ©aste saute dâun train en marche pour rejoindre le lieu quâil venait de quitter, prisonnier de la sociĂ©tĂ©, incapable dâĂ©chapper Ă un prĂ©sent stĂ©rile et Ă un futur guĂšre excitant. AthlĂ©tique, il doit sa victoire sur le ring non pas Ă sa force mais Ă un gag humiliant qui donne sa signification au film le walkover » du titre, qui dĂ©signe dans le vocabulaire de la boxe une victoire par abandon. Skolimowski, comme son collĂšgue Polanski, ne va pas supporter longtemps la censure politique de la Pologne communiste. AprĂšs La BarriĂšre 1966, Haut les mains est interdit lâannĂ©e suivante par la censure il faudra attendre 1981 pour quâil soit projetĂ© sur un Ă©cran. Skolimowski quitte son pays et commence une carriĂšre erratique dâexilĂ© perpĂ©tuel, filmant dâabord en Belgique le magnifique DĂ©part, trĂšs proche des films de Godard il lui emprunte Jean-Pierre LĂ©aud, gĂ©nial en garçon coiffeur rĂȘvant de devenir champion de course automobile, en Italie Les Aventures du brigadier GĂ©rard que Skolimowski considĂšre comme son pire film. Heureusement son installation en Grande-Bretagne lui sera plus profitable. Deep End 1970, grĂące Ă la ressortie providentielle du film en salles cette annĂ©e, puis en DVD et Blu-ray, dans une magnifique copie restaurĂ©e merci Bavaria et Carlotta a permis de revoir ce film culte, sans doute le plus beau de Skolimowski et lâun des meilleurs des nouveaux cinĂ©mas europĂ©ens des annĂ©es 60-70. On a pu dire que les meilleurs films anglais modernes avaient Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s par des Ă©trangers Blow Up dâAntonioni, RĂ©pulsion de Polanski et surtout Deep End de Jerzy Skolimowski. En rĂšgle gĂ©nĂ©rale, les films des grands cinĂ©astes en exil possĂšdent une qualitĂ© dâĂ©trangetĂ© et dâobservation qui les rend fascinants. Skolimowski dans Deep End ne quitte presque jamais les locaux dâune piscine filmĂ©s Ă Munich, coproduction oblige !, mais un coin de rue, une entrĂ©e de boĂźte de nuit et un bout de campagne enneigĂ©e suffisent Ă restituer le Londres de lâĂ©poque, beaucoup moins glamour que celui dâAntonioni mais absolument authentique, avec ce mĂ©lange de mauvais goĂ»t, dâambiances glauques et de candeur Ă©rotique. ConsidĂ©rĂ© Ă juste titre comme un des meilleurs films jamais rĂ©alisĂ©s sur lâĂ©tat dâadolescence thĂšme dĂ©jĂ traitĂ© dans les premiers films de Skolimowski et son premier long mĂ©trage hors de Pologne Le DĂ©part tournĂ© en Belgique avec Jean-Pierre LĂ©aud, Deep End fut longtemps confinĂ© Ă un culte confidentiel en raison de sa raretĂ©, seulement visible dans de pauvres copies 16mm ou 35mm en mauvais Ă©tat qui avaient survĂ©cu aux outrages du temps depuis le dĂ©but des annĂ©es 70, pĂ©riode sinistrĂ©e des nouveaux cinĂ©mas du monde entier dont la redĂ©couverte est toujours autant dâactualitĂ©. Ceux qui avaient eu la chance de le dĂ©couvrir par hasard en gardaient un souvenir Ă©bloui. Ils nâavaient pas rĂȘvĂ©. La ressortie providentielle de Deep End en apporte la preuve Ă©clatante. Le film enfin restaurĂ© avec ses rutilantes couleurs pop venant balafrer la grisaille londonienne est chef-dâĆuvre de mĂ©lancolie et de cruautĂ©, ancĂȘtre pas si lointain des teen movies » sensibles signĂ©s Gus Van Sant dans son exploration pleine dâempathie des Ă©mois dĂ©finitifs de lâadolescence. Câest un film de peintre ce que le rĂ©alisateur deviendra lorsquâil cessera de mettre en scĂšne pendant dix-sept ans, de poĂšte ce quâil avait Ă©tĂ© avant de faire des films mais aussi de boxeur autre activitĂ© du cinĂ©aste dans sa jeunesse, qui a maintenu dans tous ses films une violence incisive, une prĂ©cision du geste et une Ă©nergie virile qui nâappartiennent quâĂ lui. Un jeune garçon timide devient employĂ© dans des bains publics de lâEast End londonien. ChargĂ© dâassister les clientes, il dĂ©couvre un univers clos oĂč la promiscuitĂ© et la nuditĂ© humides des corps sont propices Ă divers Ă©changes et trafics pas trĂšs Ă©loignĂ©s de la prostitution. Il sâamourache surtout de sa collĂšgue, une belle fille Ă la rĂ©putation facile quâil Ă©pie et tente maladroitement de sĂ©duire. Deep End a lâidĂ©e gĂ©niale dâinverser les rĂŽles au garçon de jouer les pucelles effarouchĂ©es devant les avances sexuelles des rombiĂšres mĂ©nopausĂ©es, tandis que la fille Jane Asher, fiancĂ©e de Paul McCartney au moment du tournage, cynique et libĂ©rĂ©e, sâamuse avec les hommes et les envoie balader Ă la premiĂšre occasion. La beautĂ© de porcelaine de John Moulder Brown, petit prince prolo et hĂ©ros rimbaldien de ce roman dâapprentissage dĂ©sastreux en vase clos ajoute au charme fou dâun film tour Ă tour drĂŽle et tragique, oĂč explose lâart de Skolimowski ce mĂ©lange de poĂ©sie et de trivialitĂ©, dâĂ©nergie et de morbiditĂ© que lâon a retrouvĂ© intact dans ses derniers opus, le superbe Quatre Nuits avec Anna film du grand retour au cinĂ©ma aprĂšs dix-sept ans dâabsence consacrĂ©e Ă la peinture, dans une retraite improbable Ă Malibu, et aussi retour Ă la terre natale polonaise, que jâavais montrĂ© en ouverture de la Quinzaine des RĂ©alisateurs Ă Cannes en 2009 et le non moins gĂ©nial Essential Killing en 2011 encore une histoire de dĂ©sir vital et de voyage vers la mort. Jâavoue nâavoir jamais vu Roi, dame, valet dâaprĂšs Nabokov, dont lâĂ©chec laissera Skolimowski six ans sans tourner et Le Cri du sorcier film sur la folie avec Alan Bates, Susannah York et John Hurt. Douze ans aprĂšs Deep End, Skolimowski rĂ©alise un deuxiĂšme chef-dâĆuvre Ă Londres, Travail au noir. Un film ouvertement politique, mais avant tout une aventure humaine absurde et obsessionnelle, comme toujours chez le cinĂ©aste. DĂ©cidĂ© et filmĂ© dans lâurgence, Travail au noir rĂ©pond au traumatisme du coup dâĂ©tat polonais de dĂ©cembre 1981, vĂ©cu de loin par lâexilĂ© perpĂ©tuel Skolimowski. Le contremaĂźtre Novak et trois maçons polonais viennent travailler au noir Ă Londres pour effectuer des travaux dans la maison dâun riche compatriote. Lorsque Novak, le seul Ă parler anglais, apprend la nouvelle du coup dâĂ©tat militaire, il dĂ©cide de ne pas en informer les ouvriers, de les maintenir dans un Ă©tat dâignorance et de retarder le plus possible lâĂ©chĂ©ance de leur retour impossible au pays. Encore un film de claustration, Travail au noir est lâhistoire dâun projet insensĂ© vouĂ© Ă lâĂ©chec et la mĂ©taphore astucieuse de la douleur dâun pays et de ses exilĂ©s. Jeremy Irons, plus que crĂ©dible en travailleur polonais, y livre une performance extraordinaire. AprĂšs ce chef-dâĆuvre, la carriĂšre de Skolimowski va continuer dâavancer en zigzags, avec un film bizarre sur a crĂ©ation et lâexil Le SuccĂšs Ă tout prix, tournĂ© entre Paris et Londres et deux adaptations littĂ©raires Ă moitiĂ© acadĂ©miques et plutĂŽt ratĂ©es Les Eaux printaniĂšres et Ferdydurke. Mais avant ces films dĂ©cevants, Skolimowski rĂ©alise en 1986 lâexcellent Bateau-phare, qui prolonge la thĂ©matique de la difficile relation pĂšre fils dĂ©jĂ au cĆur du SuccĂšs Ă tout prix dans les deux films lâadolescent est interprĂ©tĂ© par le propre fils de SKolimowski, Michael Lyndon. Unique film vĂ©ritablement amĂ©ricain de Skolimowski, cinĂ©aste habituĂ© aux productions apatrides, Le Bateau-phare entretient pourtant une relation ambigĂŒe avec sa terre dâaccueil. Câest un film qui reste au large du cinĂ©ma amĂ©ricain comme de son territoire, puisque lâessentiel de lâaction se dĂ©roule en mer, sur un bateau-phare chargĂ© de surveiller les cĂŽtes. Pourtant, Skolimowski sâacquitte de sa commande un film noir hustonien, quasi remake de Key Largo tout en signant un film trĂšs personnel lâun des premiers scĂ©narios de Skolimowski, Le Couteau dans lâeau de Roman Polanski, Ă©tait dĂ©jĂ un huis clos maritime. Le Bateau-phare sâorganise autour de deux duels psychologiques, lâun entre un pĂšre et son fils, lâautre entre le pĂšre, capitaine dâun bateau-phare, et un gangster en cavale. Selon la rĂšgle des tournages confinĂ©s, lâhistoire du film a contaminĂ© son tournage, avec des affrontements dâego entre Klaus Maria Brandauer dont la ressemblance physique avec Skolimowski nâest pas fortuite, puisquâil joue le pĂšre de Michael Lyndon, son fils et le cinĂ©aste, ainsi que des rivalitĂ©s professionnelles entre Brandauer et son ennemi Ă lâĂ©cran, Robert Duvall. En adoptant un classicisme de façade et sans trop se soucier des conventions du genre, Skolimowski est parvenu Ă conserver la tension et lâĂ©nergie de ses plus grandes rĂ©ussites les contingences de la rĂ©alitĂ© ont toujours nourri son art. Ce goĂ»t du mouvement â parfois immobile â et de lâabsurde, de la fuite et de lâĂ©puisement se retrouve dĂ©multipliĂ© dans le dernier film en date de Jerzy Skolimowski, chasse Ă lâhomme qui offre Ă Vincent Gallo lâoccasion dâune impressionnante performance masochiste, le gĂ©nial Essential Killing 2011, un des chefs-dâĆuvre sortis cette annĂ©e dans les salles françaises et qui lui aussi est dĂ©sormais disponible en DVD et Blu-ray, Ă©ditĂ© par Studiocanal. Indispensable, cela va sans dire.
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